Jours nouveaux à l'Opéra

Porté par un élan personnel et un amour pour l'oeuvre écrite par un jeune Boris Vian en 1947, sans commande d'aucune institution le compositeur russe écrit seul une riche partition qu'il achève en 1981. Barbara Eckle en confie la direction au libano-polonais Bassem Akiki lequel embrasse l'écriture et la diversité des styles que parcourt la partition avec l'intention de donner la pleine mesure de sa diversité. Une démarche que prolonge la mise en scène d'Anna Smolar, désireuse de ne pas donner la parole qu'à Colin autant qu'à ne pas réduire Chloé à l'image d'un personnage fantasmé. Elle choisit de renverser les regards, situe le récit en 1968 et questionne aussi le regard très masculin porté par le roman et le livret au fil d'une mise en scène qui joue avec les espaces et les formats au rythme d'un orchestre qui fait une large place aux percussions pour un opéra rare et donc incontournable.
La première partie de la saison, pour cette première « constellation », fait aussi une place à quelques nouveautés : une Open Week (jusqu'au 18 octobre) permet chaque soir pendant une semaine de découvrir, dans le Grand Foyer, des propositions aussi variées que conviviales et entièrement gratuites : ateliers, rencontres, discussions, musique, interventions pour écouter, participer à une playlist de chansons d'amour, danser, lire ou broder des mots d'amour. La traîne de cette constellation inaugurale fait revenir Franck Chartier et la Cie Peeping Tom entre danse et théâtre (S 62° 58’, W 60° 39’ du 21 au 23 novembre) et dispense des moments musicaux inédits : deux siestes, deux heures bleues (dont une autour d'un programme de Schubert à Mozart et Denisov, interprété notamment par Fedor Rudin, petit-fils du compositeur) et un moment insomniaque autour d'une soirée de trois concerts jusqu'au bout de la nuit.