Light Motiv, c'est d'abord une agence regroupant 10 photographes, travaillant pour la presse, des architectes et autres institutions. En 2006, après avoir travaillé avec d'autres éditeurs et commençant à connaître la chaîne de fabrication, les compères se lancent dans l'édition, « une continuité : quand on édite, cela permet d'aller au bout de notre métier de photographe ! Souvent, on envoie les clichés sans savoir ce qu'il en sera fait. Là, notre parle n'est pas déformée. C'était un manque », se souvient Eric Le Brun, photographe, responsable de l'aventure éditoriale. Six titres ont déjà paru : « j'aimerai passer à la cadence supérieure, trois sorties par an, ce serait l'idéal ! » Des sorties très dépendantes des fêtes de fin d'année, « les gens n'achètent qu'à ces périodes ! » Pourtant, dès le départ, la maison veut « ne pas être élitiste ! On essaie d'emmener les gens progressivement, ce ne sont pas des livres de photographes pour les photographes mais pour un large public. Ce créneau manquait en région. » Deux collections composent le catalogue : Passage en ville, enquêtes sur des villes en pleine transformation, Roubaix, Arras, Tourcoing et une collection, Long Cours, sur les métiers du port de Dunkerque, dont le sublime deuxième tome, Abord, vient de paraître : carte blanche à un photographe, alliée au travail d'une sociologue, « deux écrits en parallèle, les images sont la musique de la lecture », c'est splendide ! Des livres régionaux, une donnée à la fois handicap : « pas de distribution en dehors de la région », et atout : « les séries sur les villes marchent bien, intéressent les habitants ! »

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Pourtant, il reste difficile de vendre des livres de photo : « On a l'impression de l'avoir vu en le feuilletant dans la librairie, alors qu'il faut prendre le temps. Il existe un public de passionnés, mais très érudit, et l'on ne veut pas se cantonner à cela ! Nous travaillons sur le créneau du documentaire. Tout de même, je pense que c'est moins dur depuis une vingtaine d'années », lorsque les livres photographiques étaient rangés au rayon peinture ! On se souvient aussi du carton de l'ouvrage de Yann Arthus Bertrand, « difficile à analyser, ça a lancé une mode des photos aériennes. » Light Motiv continue donc à se battre, même si ses tirages restent modestes : « c'est paradoxal : on est envahi d'images, sans que les gens aient le moyen de les décoder. Reprendre des images fixes dans un livre donne la capacité d'y venir et d'y revenir, la possibilité de creuser. Prendre le temps de (les) regarder quand ça défile ! »