Andromaque, pas si classique
Du haut des remparts de Troie, Andromaque assiste à la défaite de son mari Hector face à Achille. Offerte à Pyrrhus après la victoire grecque, elle ne pense qu'à sauver la vie de son fils Astyanax. Parallèlement, Oreste se meurt d'amour pour Hermione qui n'aime, elle, que Pyrrhus. De ce double enjeu, Racine a tiré l'une de ses plus célèbres tragédies classiques. Si le rapport avec notre société contemporaine semble lointain, le travail du metteur en scène et de son équipe, qui transposent le récit dans un studio de cinéma divisé en autant d'espaces que de protagonistes principaux et jouent avec les images, donnent au texte une toute autre portée.
Les personnages mythologiques y croisent les technologiques modernes pour un regard très universel sur les égoïsmes, le repli et l'enfermement qui empêchent toute communication féconde. Les espaces forment des territoires qui ne s'entrelacent que trop peu. Soutenu par les images de Denis Guéguin, la mise en scène laisse de la place aux mots et aux corps des comédiens qui font ensemble résonner le texte de Racine de façon particulièrement forte, dénichant dans un récit ultra classique une modernité insoupçonnée qui fait écho de bien des manières à l'actualité de 2018. Le spectacle d'un metteur en scène (Damien Chardonnet-Darmaillacq) qui a souhaité installer sa compagnie sur le terrain (à Aulnoye-Aymeries) et qui a vu le jour grâce à l'engagement du Phénix (dans le cadre du Pôle Européen de Création) et de son directeur Romaric Daurier. Une démarche aussi, pour aller vers le public et lui prouver que les classiques ont encore bien des choses à dire.
Publié le 24/01/2018
Andromaque, les héritiers
Jusqu'au 27 janvier à 20h au Phénix, boulevard Harpignies à Valenciennes
http://scenenationale.lephenix.fr/
De 23 à 10€
Les 30 et 31 janvier au Manège
De 12 à 9€
http://poleeuropeendecreation.lephenix.fr/les-artistes/le-campus/damien-chardonnet-darmaillacq/