Beautés furtives

Avec pour ligne directrice un parcours dans l'art contemporain autour de l'idée de convocation d'une forme de mystère, d'apparences trompeuses et d'envoûtement autant que de poésie, l'équipe de Lille3000 a réuni en cette rentrée une série d'oeuvres toutes très singulières, à commencer par le miroir d'Olivier Sidet qui ouvre le parcours... et ne reflète pas l'image de celui qui voudrait s'y mirer ! Quelques pas plus loin, La mer d'Ange Leccia, immense projection du flux et du reflux de la marée invite à une pause hypnotique aux côtés des photographies de Yuki Onodera, ombres et corps à la fois, présents sans vraiment l'être. Déjà aperçu au Fresnoy, le travail vidéo d'Edith Dekyndt est également de la partie : Martial – M ou A is hotter than B, courtes projections en boucle de nature à rassurer, en quelques secondes, les sceptiques quant à la possibilité de l'art moderne et technologique de générer de la poésie.

Bertrand Gadenne avec un Rat et un Hibou remet pour sa part en cause les lois de la nature donnant à voir des versions géantes de ces animaux dans une situation inattendue (pour le rat) ou invitant à la fascination (pour le hibou). Tandis que Christian Rizzo convoque avec form un étrange fantôme dansant. Knock, le travail d'Hugues Reip évoque plutôt une image saisie du coin de l'oeil, tandis que l'atelier Moslin dans Coup de foudre convoque le tonnerre pour provoquer une apparition tonitruante du sujet venu se regarder dans le miroir. Dans un autre genre, Ann Veronica Janssens donne à voir un match de football joué dans un brouillard vaporeux rendant l'action et le match uniques. Une jolie série d'apparitions qui, tout en emmenant à la frontière de l'abstraction, donnent à voir de jolis univers captés magnifiquement par des poètes de la technologie moderne.