Hollywood adore les renaissances. John Travolta, Mickey Rourke, Matthew McConaughey... Et maintenant Michael Keaton ? Dans Birdman, il incarne Riggan Thomson, qui a connu la gloire en endossant le costume d'un super-héros ailé, premier rôle d'une franchise à succès. Mais aujourd'hui, la machine à rêves l'a recraché et il n'est plus qu'un acteur de seconde zone qui inspire au mieux, la nostalgie d'une époque. Déterminé à réussir son comeback et retrouver une reconnaissance perdue, il s'apprête à monter sur les planches à Broadway dans une pièce qu'il a lui-même mise en scène. L'acteur se met à nu, mais le rôle qui l'a rendu célèbre lui colle à la peau...

 

A la réalisation, Alejandro González Iñárritu a choisi Michael Keaton pour jouer cet homme qui met toutes ses tripes dans un projet dans l’espoir de briller à nouveau. Le réalisateur ne pouvait pas faire métaphore plus évidente du métier d'acteur et de la célébrité exacerbée par un rôle. Car, faut-il le rappeler, Keaton a été, à la fin des années 80, Batman pour Tim Burton et pour beaucoup la meilleure représentation du personnage de comics avant que Chris Nolan ne vienne s'attaquer au mythe. C'est dire si le rôle l'a marqué au fer rouge. Depuis, l'acteur s'est fait plus discret. L'image spéculaire est déjà séduisante, elle fascine lorsque le réalisateur de 21 Grammes et Babel, qui a toujours accordé un soin particulier à l'esthétisme de ses scènes, met particulièrement son style au service d'un récit tortueux, monté scrupuleusement comme un gigantesque plan-séquence hypnotique de deux heures, où Thomson/Keaton surnage, s'égare dans son univers mental et rame à contre-courant pour réussir son retour en grâce. Iñárritu manipule aussi les clichés, les symboles. Edward Norton en acteur respectable trop sûr de lui, Naomi Watts en wannabe complexée et Emma Stone en fille délaissée complètent le casting. Le tableau lézardé est saisissant.