Catastrophe et renouveau

D'un savoir-faire minutieux entre marionnettes et mouvement, nourri par le travail de Sophie Mayeux, le spectacle recrée une éruption poussiéreuse, émergence soudaine, envahissante et symptomatique de la destruction. Des épaisseurs nuageuses émerge un survivant, forcément abîmé et perdu. Egaré dans un environnement irrémédiablement changé, petit à petit, il doit se reconstruire, littéralement. Poétique parabole d'un retour au monde après une catastrophe, Poussière combine une ambition narrative réelle conjuguée à une technique poussée au sevice du merveilleux. Cylindre, fumée et tissus suspendus se combinent pour dessiner un monde ravagé. Dans son émergence, le survivant construit un abri, apprend à réhabiter le monde... Entre manipulations et vidéo, le parcours de ce monde miniature et de son habitant fait évidemment écho aux bouleversements et aux crises contemporaines, sans catastrophisme. Avec douceur et finesse, le spectacle entend plutôt inviter à une réflexion féconde d'autant que la proximité induite par la scénographie permet de partager ce spectacle avec les jeunes spectateurs. Discrète parce qu'affûtée, la technique qui sous-tend l'ensemble reste à l'arrière-plan du récit laissant la magie du décor et des marionnettes faire leur effet sur les spectateurs. Aussi ambitieux qu'inventif dans la forme que sur le fond, Poussière aborde les grands problèmes par la petite porte, avec beaucoup d'intelligence.