conférences

Citéphilo, 20 ans !

Aa293a4331aea0cd050823bf10d73d34340da8de
Entretien avec Jean-François Rey, professeur honoraire de philosophie et président de Citéphilo qui, pour ses 20 ans, nous invite à réfléchir à la république, à la démocratie et à l’universel, tout en n’oubliant pas d’explorer le sens des images avec l’invité d’honneur, Georges Didi-Huberman.

Sortir : Dans quelles circonstances avez-vous été amené à vous intéresser à Citéphilo dont vous êtes aujourd’hui le président ?

Jean-François Rey : En 1996 je suis contacté par Léon Wisznia, de Paris, qui cherche, avec Gilbert Glasman et deux autres personnes, à travailler avec des professeurs de philosophie de notre région, dont j’étais, à  une semaine de débats initiés et modérés par nos soins. C’était l’époque où un « café philo » attirait les foules sur la place de la Bastille. J’étais spontanément très réticent, car ce que j’en avais vu relevait du bavardage et de la volonté de briller au détriment de la rigueur. Mais le contact avec mes nouveaux amis me convainc, au contraire, à la fois du sérieux et de la liberté nécessaires à la construction d’une manifestation lilloise (pour commencer) résolument philosophique et tournée vers un public auquel nous ne voulions pas servir une « soupe » démagogique.

Sortir : La philosophie pour tous, c’est un peu, depuis ses débuts, la devise de Citéphilo, mais à quoi sert la philosophie aux citoyens que nous sommes ?

Jean-François Rey : La « philosophie pour tous », c’est d’abord de la philosophie. Même si notre public ne se compose pas pour l’essentiel de professeurs ou d’étudiants en philosophie, nous ne voulions pas pour autant développer de la « philo » sans effort. C’est respecter le public que de le croire composé de citoyens éclairés, c’est-à-dire qui réfléchissent, qui doutent, qui demandent du dialogue. La philosophie contribue à cet élargissement de la pensée. Elle n’est asservie à aucun pouvoir. C’est sans doute cette liberté qui fait le prix de Citéphilo aux yeux de nos concitoyens, plus que toute autre considération sur son « utilité ».

Sortir : Comment expliquez-vous le succès de cette manifestation ?

Jean-François Rey : Citéphilo accueille chaque année entre 12.000 et 15.000 personnes sur un peu plus de trois semaines. Le programme est attendu avec beaucoup d’intérêt. Car nous offrons la possibilité d’entendre et de pouvoir poser des questions à des auteurs de livres de philosophie, des chercheurs, très connus ou pas. C’est pourquoi je suis très attaché au mot de « rencontre » pour désigner nos échanges. Une rencontre à Citéphilo, c’est le plaisir d’écouter quelqu’un qui ne fait pas un cours, mais qui se prête avec bienveillance à un questionnement préparé en amont par un modérateur qui veille à ce que le public ait assez de temps pour poser ses propres questions. Enfin les thèmes abordés ne sont jamais déconnectés de nos préoccupations de l’heure et le jargon de spécialistes est évité.

Sortir : Dans quel état d’esprit avez-vous élaboré avec l’équipe de Citéphilo l’édition des 20 ans ?

Jean-François Rey : Ce vingtième anniversaire est le moment de nous demander ce qui a pu marcher dans cette entreprise sans égale ailleurs. C’est le moment de remercier le public de sa fidélité et de sa curiosité infinie. Pour nous, c’est le sentiment renouvelé de devoir répondre avec rigueur et inventivité à ses attentes.

 

 

Publié le 25/10/2016 Auteur : Propos recueillis par Françoise Objois

 

Citéphilo

Du 4 au 26 novembre 2016

Association Philolille, Tél.03.20.55.66.34

 

 

 


Mots clés : conferences Citéphilo