Sortir : Quelles sont les lignes de force de la programmation du festival cette année ?
Eliane Dheygere : Je les ai puisées dans la recréation de la pièce Parades and changes d'Anna Halprin, grande chorégraphe américaine qui a beaucoup compté dans l'émergence de la danse postmoderne. J'ai donc souhaité, dans le sillage de l'accueil de ce spectacle, revisiter l'histoire de la danse et interroger les questions de mémoire, de transmission et de filiation tout comme le lien entre la danse avec les arts plastiques ou la musique, et la transdisciplinarité en général, de plus en plus présente aujourd'hui.
Sortir : D'où la forte présence d'Alain Buffard dans le festival ?
E. Dheygere : Oui. Alain Buffard se situe dans la filiation de ce courant et il me paraissait important de voir quel pouvait être l'influence d'Halprin, Trisha Brown ou Merce Cunnigham sur les chorégraphes d'aujourd'hui. Du coup Alain Buffard est présent trois fois : à la Rose des Vents, au Garage et au Vivat. C'est aussi pour nous l'occasion de renouer avec des artistes et faire confiance à ceux que nous accompagnons, comme la jeune Mylène Benoit (La chair du monde) qui se penche, dans son spectacle, sur la façon dont les images qui envahissent notre vie peuvent marquer nos corps. Julie Nioche (chorégraphe associée au Vivat NDLR) questionne pour sa part la mémoire des corps de femmes d'origines différentes tandis que Eszter Salamon (Magyar Tàncok) raconte ses années de danseuse traditionnelle hongroise. Quant à Mark Tompkins (Lulu), c'est un peu la mémoire collective autour du personnage de Wedekindt et Pabst qu'il donne à voir.