De l'air !

« À l'origine était un homme, Jacques Boissarie, amoureux de sa ville et fou de théâtre. Au cours de ses promenades, souvent nocturnes, au coeur de la cité, il ne pouvait empêcher son imagination de voir, en chaque espace rencontré, un lieu scénique, et de l'associer à une pièce d'un répertoire qu'il connaissait fort bien »... Le fantasme, raconté par Guy Fournier, ancien maire de Sarlat, date du début des années 50 : allier patrimoine sarladais et art dramatique. Vous avez dit fantasme ? Depuis 1952 maintenant, et chaque été, le Festival des Jeux du Théâtre « anime les vieilles pierres de Sarlat » non seulement d'oeuvres classiques mais aussi de créations contemporaines, mêlant jeunes talents et artistes confirmés. Une histoire séculaire qui en fait aujourd'hui l'un des plus anciens festivals du genre (après Avignon), « haut lieu de la vie théâtrale française ».
Aperçu rapide de la prog' 2009 et tendance confirmée : l'Antigone de Sophocle, le Romeo and Juliet de Shakespeare, le Rhinoceros d'Ionesco (...), les Sublim'Interim, Faut-il croire les mimes sur parole ? ou Eaux les Bains, à consonnances plus modernes. Des histoires, des auteurs, des styles différents pour un même décor, naturel, autour de trois sites : le Jardin des Enfeus, l'Abbaye Sainte-Claire et la Place de la Liberté. L'occasion aussi pour tous les badauds de s'intéresser à l'envers du décor (en vrai et grandeur nature) et pourquoi pas échanger derrière, quelques points de vue avec les comédiens, auteurs et metteurs en scène, le temps d'un Apéritif de Plamon (un temps de rencontre, en Sarladais).

Autre lieu, autre ambiance, plus lointaine mais d'autant plus naturelle : Gavarnie, grand site du Parc Naturel des Pyrénées, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco. Au coeur, un cirque naturel... squatté (là-aussi) chaque été (depuis plus de 20 ans) par un « spectacle théâtral, chorégraphique et musical à ciel ouvert » ! Traditionnellement de grandes oeuvres littéraires (Don Quichotte, Gragantua...), des opéras célèbres (Carmen, La Flûte Enchantée...), des auteurs dramatiques populaires (Molière, Shakespeare...), et donc tout naturellement cette année Cyrano de Bergerac, « un pilier de la culture française ». Et surtout un personnage collant à l'identité locale, « l'anti-héros humain, qui préfère le style à la victoire, fort et courageux, mais aussi faible et pudique », magnifié par un cadre assurément grandiose.