Vecteur de réflexion sur le monde, l'art de l'humanité reste traversé de questionnements incessants. Outre les soubresauts propres à chaque époque, les artistes de toutes origines interrogent la quête du bonheur sur toile ou sur pellicule. A travers plus de deux mille ans de techniques très différentes et d'approches uniques, Joie de vivre propose un extraordinaire voyage au cœur du bonheur. Pas ici de démarche révolutionnaire, d'artiste inédit, de rétrospective encore jamais vue ou d'installation technique virtuose, mais une très beau fil rouge, aussi éclatant que les néons colorés figurant les rayons d'un soleil triomphant qui accueille le visiteur devant la salle dédiée aux expositions temporaires.

En six parties thématiques, composant autant d'étapes d'un parcours subtil, l'exposition fait une démonstration discrète du rôle et du pouvoir de l'art, mêlant les époques et les disciplines, juxtaposant l'ancien et le moderne. Des plaisirs de la nature, aux rires en passant par les myriades de petits bonheurs discrets mais quotidiens, les liens familiaux, amicaux ou amoureux, les fêtes et jusqu'aux bien-être des corps, Joie de vivre déroule de très nombreuses représentations d'une joie aux formes multiples mais aux effets communs : celui de gonfler les cœurs et d'agrandir les sourires.

Terrence Malick, Niki de Saint-Phalle, Rodin ou Renoir, Carpeaux ou les sculpteurs de l'Antiquité, Fragonard ou Peter Yang : l'équipe du Palais des Beaux-Arts a su convaincre de nombreuses institutions du monde entier de prêter leurs œuvres pour constituer cette proposition. Loin des clichés d'un art distant, confus, brumeux et abstrait, le travail des commissaires dépasse là la proposition d'un angle d'approche d'une œuvre, d'un artiste ou d'une thématique. Face aux difficultés et aux douleurs, la joie communiquée par des artistes d'origines, de sensibilités et d'époques variées y démontre la force subtile mais incontestable de l'art et des artistes. Une place qu'en ces temps difficiles trop de responsables politiques voudraient voir réduite mais qu'il ferait bon ne pas oublier.

Derrière la qualité du parcours artistique, soutenu par une scénographique joliment discrète mais terriblement efficace (du sol, des couleurs vives se dégradent vers le blanc, illuminant chaque espace), Joie de vivre marque presque un manifeste autant qu'un acte audacieux mais terriblement pertinent : celui de montrer que l'art rend la vie belle, que l'on soit un amateur érudit ou le dernier des novices. Si vous n'avez qu'une exposition à voir cet automne, que ce soit celle-là.