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Escapade contemporaine en Sauternais

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"Hors les murs" : plus qu'une alternative, aujourd'hui, délocaliser une partie de ses collections en terrain plus ou moins connu peut se révéler judicieux pour des structures, contemporaines notamment, en manque d'espace. L'occasion également pour visiteurs et amateurs de découvrir des lieux reculés tels que le Château Guiraud.

Château Guiraud, Sauternes, quelque part au sud-ouest de Langon... des vignes à perte de vue, des petites routes de campagne entrecoupées d'improbables carrefours, des châteaux et encore des châteaux : Trillon, Filhot, Lamothe-Guignard, et finalement (et bien indiqué par un ancien qui passait par là) Guiraud. Petit chemin transversal, grands platanes et verts jardins, loin du CAPC et de l'agitation bordelaise, ici, ça respire la sérénité. Didier Galhaud, maître de maison attitré, reçoit dans un salon du rez-de-chaussée, grande table et fauteuils anciens.
Alors, comment un château du Sauternais en vient à l'art contemporain ? Un peu d'Histoire : voilà  trois ans, la propriété est rachetée à des Canadiens par « quatre figures du monde vini-viticole » autour de Xavier Planty et surtout de Robert Peugeot... ce dernier connaissant bien Louis Nègre (un collectionneur bordelais) et ayant contribué par le passé à l'édition d'un livre d'oeuvres du CAPC. CQFD. Et donc, quel lien entre le château et l'exposition en elle-même ? Toujours l'Histoire : au XIXème siècle sous Napoléon III, le Château Guiraud appartient aux crus classés impériaux et les vins de Sauternes, autour du Château-Yquem, comptent parmi les plus prisés... Pourtant, un siècle et demi plus tard, les visiteurs « n'ont pas le temps de venir à Sauternes », plus confidentiel au profit du Médoc. D'où un « sentiment d'isolement, de solitude, presque de désolation qui ont inspiré Louis Nègre et Charlotte Laubard pour monter l'exposition ».

ENTRAILLES

Des appartements inhabités, sur plusieurs niveaux, et une quarantaine d'oeuvres « parfois violentes, dérangeantes », en corrélation avec le lieu (« ça s'insère ou ça contraste »), comme une éternelle réflexion sur le contemporain, ses sensibilités et interprétations... un lieu accaparé par des artistes, Jean-Pierre Raynaud, Michelle Naysmith, Noritoshi Hirakawa, Tony Oursler, Eric Baudart, Jason Glasser (...) pour autant de peintures, photographies et installations. Première rencontre, une vaste et sombre pièce en pierre, où l'artiste a disposé, au fond, une grande toile fait de formes grisâtres, précédées par un film d'animation agité par des bruits bien réels... avant d'atteindre l'étage sous une série de formes lumineuses et des pièces dérobées abritant ici, un couple aux visages numériques projetés, là un grand écran sur lequel les mots se grignotent les uns les autres. On monte toujours. Par la fenêtre, les vignes, omniprésentes, et au milieu du jardin, une allée d'ardoise signée Richard Long, comme un parallèle au cours de tennis abandonné... De nouvelles pièces, le jacuzzi de Mugabé, le film de la méduse, les photos de Wolfgang Tilman, découverte jusque dans la salle de bain. Et de finir sur une pièce peuplé de papier journal minutieusement découpé, telle une fastueuse maquette reflet d'une civilisation.
Cette exposition, c'est aussi « attirer une autre clientèle au château, des gens qui ont une sensibilité »... une sensibilité exprimée ici « à travers notre produit qu'est le vin », à déguster à la fin de la visite. Ultime évasion avant le retour à la civilisation.

Publié le 23/06/2009 Auteur : W. Do Nascimento

Quand la première ivresse des succès bruyants..., jusqu'au 11 octobre au Château Guiraud à Sauternes. Tel : 05.56.00.81.50.


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