cinéma

Gainsbourg (vie héroïque)

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Du Lucien Ginsburg de ses débuts ou Gainsbarre de la fin de sa vie, le parcours de Serge Gainsbourg, depuis l'Occupation jusqu'à sa mort. Regard sur un homme autant que sur un itinéraire artistique et un parcours intime entre chansons devenues inoubliables, amours tumultueuses et provocation assumée. Un conte filmé par Joann Sfar, prolifique, réputé et attachant auteur de nombreuses bandes dessinées, qui signe là son premier film.

Un conte, parce que loin de s'inscrire dans une démarche visant à retranscrire au plus près une réalité, Sfar préfère simplement s'y appuyer pour brosser son regard sur le parcours de l'artiste. Exit les repères chronologiques, il faut se fier aux décors et à la mode pour voir passer les années sur la pellicule et le visage d'Eric Elmosnino qui se sort plutôt bien de l'exercice difficile d'une réappropriation d'un personnage pourtant public et connu de (presque) tous. L'originalité du film tient au fait que Sfar incarne en une singulière 'Gueule' la dualité supposée entre l'artiste et son côté Gainsbarre, qui surgit ça et là pour le tirer et l'attirer vers des chemins plus radicaux. En cela, le jeune réalisateur réussit plutôt son pari. Pour audacieux qu'il soit son choix se montre séduisant et accrocheur, invitant à respirer une fantaisie créative proche de celle dont il fait preuve dans ses albums, appuyée, excusez du peu, sur des cadrages soignés et minutieux qui apportent beaucoup à ses images. Sur le fond en revanche, force est de constater que passée la découverte de l'originalité de l'approche choisie pour son film, on s'ennuie plutôt vite. Les scènes se suivent, tantôt du côté d'une poésie créative, tantôt de celui d'une outrance comportementale, mais c'est en vain qu'on cherche un point de vue. Sfar filme sans rien avoir à dire, se contentant - et c'est un comble pour une oeuvre consacrée à un musicien comme Gainsbourg - de filmer parfois de façon très réussie, d'autres fois beaucoup moins, mais sans aucun rythme une succession de moments mêlant l'artistique, l'intime et l'anecdotique dans un doux fatras.

Publié le 14/01/2010 Auteur : Guillaume B.


Mots clés : cinéma