Le temps d’une nuit, Pierre va livrer à sa belle fille Chloé un secret qu’il garde bien enfouit  depuis 20 ans : son amour pour Mathilde, une femme qui a marqué sa vie à jamais mais qu’il a préféré laisser partir pour une vie plus sûre. Chloé, vient d’être quittée par son mari, parti pour une autre… Deux histoires en une : celle d'avant et celle en devenir. Lorsque le producteur de Zabou Breitman, Fabio Conversi, lui propose de réaliser ce film, elle n’est d’abord pas convaincue, ne connaissant ni le roman, ni l’univers d’Anna Gavalda. Un axe que Zabou trouvait trop sage, mais qui l'a finalement inspirée au fil des lectures « je vois la situation, j’ai des envies visuelles » ; trouvant des idées intéressantes autour de la mémoire et des histoires entremêlées. La réalisatrice s’est cependant accordée très peu de liberté « on a beaucoup respecté la structure de narration », et n’a d’ailleurs eu aucun contact avec Anna, restée très discrète « elle a proposé qu’on se rencontre, je n’ai pas voulu. Je voulais m’éloigner du texte ». Fascinée par le rôle de Pierre, le choix de Daniel Auteuil fut une évidence car « peu d’acteurs pourraient jouer comme ça en France, Auteuil était en plus capable d'incarner les deux âges ». Un acteur à qui Zabou Breitman voue un grand respect et qu’il n’était d’ailleurs pas toujours facile de superviser. Quant à Mathilde, interprétée par Marie José Croze, on peut imaginer que cette femme "solaire" représente tout ce que Chloé (Florence Lioret) n’est pas. Mathilde pourrait alors symboliser la projection de Chloé dans son imaginaire, une projection dont Zabou Breitman s'amuse, « J’aimais  beaucoup la fausse piste, quand le sujet devient l’adresse ».

 

Au-delà de l’histoire, le film soulève selon la réalisatrice une question importante : est-on bien aimé ? « C’est dégradant en tant qu’être humain d’être mal aimé. Cela suggère la notion de choix. A-t-on le droit de se tromper ? Oui, mais pas en évitant de choisir ». Dans l’histoire, Pierre ne cherche pas à se blanchir, au contraire, il atténue juste sa douleur, aidant ainsi Chloé à évacuer la sienne en lui glissant l'idée que finalement, ce qui lui arrive n’est peut être pas si mal... On pourrait reprocher au film quelques longueurs, mais Zabou Breitman l’explique, « Il faut que ce soit un peu trop long, un peu comme un caillou dans une chaussure ». La réaction du public ? Sûrement ce qui la touche le plus, « des larmes, un silence imposant, plein d’émotion… » Après tout, le cinéma, n'est-il aussi pas fait pour ça ?