passage à vide.gif2010, la maison d'éditions indé Au Diable Vauvert fête ses 10 années d'existence, et « affirme ses convictions : la littérature d’aujourd’hui, échappant aux académismes, vit un souffle nouveau. » Le diabolique premier écrivain publié en 2000 était Nicolas Rey, avec son ouvrage Mémoire courte, qui remportait le Flore, rien que ça ! 10 ans et quelques romans, toujours salués par la critique, plus tard, Nicolas Rey offre un joli cadeau au Diable : son nouveau roman, Un léger passage à vide. Le lecteur devient confident des moments de doute, des gamelles, de l'asthénie de l'auteur, qui prévient en 4ème de couv' : « j'ai retiré tout le reste pour t'offrir rien que des moments dingues et des mauvaises passes ». Succession de ratages, rupture avec sa femme, histoires foireuses, désintox', de points de vue, celui de son fils ou de son (seul) ami, de dénonciation du microcosme médiatique par ce Parisien cocaïné, que l'on commence par détester, sans vraiment avoir envie de le plaindre. Puis les récits décousus, parfois oniriques,nicolas rey.gif finissent par s'ancrer dans la réalité, on apprécie le ton grinçant, le recul, l'humour (souvent noir ou ironique, comme cette hilarante description du dîner mondain). Et aussi cette construction en instantanés, comme autant de petites nouvelles, donnant dynamisme, saveur, entrain et diversité à l'ensemble. On aime bien le croustillant chapitre Verdun, dans lequel le narrateur se met à la place des femmes (et « comme chacun sait, la femme, pour tenir en 2010, se doit de posséder une sacrée paire de couilles »). Les déboires (les « trop-boires » devrait-on dire) de Nicolas Rey nous touchent, se dégagent de cet ouvrage une grande solitude, mais aussi des petits moments de grâce, que l'auteur ré-apprend à apprécier... Allez, on ne finit pas cet article en vous envoyant au diable (quoique...) : Nicolas Rey sera en signature à Lille et Nantes !