Stalingrad
Rezo Gabriadze, un génie de l'objet
Poète aux nombreuses voies d’expression, Rezo Gabriadze écrit, dessine, sculpte, fabrique, peint, compose les personnages et les histoires qu’il met en scène dans le théâtre qu’il a fondé en 1981 à Tbilissi en Géorgie.
Dans ses créations, l’inanimé et les mouvements d’âme ne sont pas étrangers, le passé et le présent s’entrecoupent sous des formes toujours délicates, sur des tons parfois extravagants et souvent empreints d’humour. Reconnu dans le monde entier, il est aujourd’hui l’un des grands maîtres de
la marionnette. Sa venue au Bateau Feu avec deux spectacles emblématiques est un événement.
Destins croisés au cœur de la guerre : objets et marionnettes racontent le siège de Stalingrad
Dans un espace restreint, Rezo Gabriadze mêle cinéma, poésie, théâtre et peinture en une vaste fresque servie par de minuscules héros. La pièce raconte non pas la terrible bataille de 1942, mais la vie d’êtres ordinaires pris au piège des 872 jours de siège de Stalingrad, aujourd’hui Volgograd, l’un des plus longs de l’histoire moderne.
Il y a un homme roux, qui apprend que sa fiancée n’a pas su l’attendre, mais va en épouser un autre. Il y a aussi une femme jeune penchée au-dessus du berceau de son enfant, qui attend le retour de son mari. Il y a encore une maman fourmi qui pleure sa fille qui a péri sous une botte hostile, et puis Aliosha, un cheval de trait, amoureux de Natasha, une jument de cirque, et beaucoup, beaucoup d’autres…
Pour évoquer tous ces destins broyés par la violence, Rezo Gabriadze a imaginé une petite scène recouverte de neige, où sont enfouis des souvenirs de la guerre et sur laquelle surgissent des créatures de porcelaine, de papier mâché ou de chiffon, manipulées à vue par des comédiens. Composé de scènes courtes et imagées, le spectacle navigue entre rêve et réalité, désespoir et humour…
Publié le 16/01/2018