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Carnet de notes

Cela doit bien faire un an. Depuis le monde de la musique ne s’est pas arrêté de tourner et un numéro complet de Sortir ne suffirait sans doute pas pour en relater les soubresauts. Faisons comme si de rien et regardons vers l’avenir.

Ou vers le passé qu’on ne finit plus de découvrir. Que sait –on au juste de la vie musicale au Panama ? Pour la seconde fois, l’excellent label Soundway nous propose de découvrir la vitalité de la scène musicale de ce pays niché entre les deux Amériques. Panama ! 2. Latin Sounds, Cumbia Tropical & Calypso Funk from the Isthmus 1966 – 77 (Soundway/Naïve) nous offre un génial aperçu de l’effervescence artistique et de l’incroyable hybridation régnant entre les musiciens lors de cette époque dorée. Pleinement inspirés par les nouveaux registres musicaux importés des grands continents, les musiciens panaméens, qu’ils se nomment Papi Brandaro, The Soul Fantastics ou Lord Cobra, ne se sont pas contentés de singer les vedettes américaines ou cubaines. Ils ont réinventé et malaxé les genres pour créer leurs propres tubes ou reprendre à leur sauce ceux des autres. Christophe H Müller, moitié de Gotan Project, a choisi de s’inspirer du passé, celui de la musique afro-péruvienne précisément, pour créer une nouvelle forme musicale. Avec Radiokijada, et ce premier album Nuevos sonidos afro peruanos (Wrasse record), il ouvre un chapitre d’un p8 Radio Kijada 2.jpgouvrage passionnant. Car son talent de producteur à consonance électro trouve un formidable écho dans l’assemblage de ces percussions traditionnelles qui ne sont pas sans rappeler celles de l’Afrique noire. L’autre confrontation incontournable du moment est celle proposée par Heliocentrics, le collectif conduit par Malcolm Catto, et le pape de l’éthio jazz Mulatu Astatke pour la série Inspiration/Information (Strut/La Baleine). Inimaginable sur le papier, la rencontre du downtempo et de la musique éthiopienne moderne fonctionne au-delà du réel. Comme si ces deux mondes musicaux s’étaient dissous pour en former un nouveau.

Revenons au passé. Longtemps prohibé en Afrique du Sud, le film Glenda, Snake Dancer se voit aujourd’hui remis en scène grâce à la réédition de sa BOF (Sonorama/La Baleine) qui prouve qu’au-delà de l’apartheid, les musiques funk, soul et disco avaient réussi à s’infiltrer dans ce pays alors ultra conservateur, à l’époque à mille lieux d’accepter de diffuser sur les écrans l’histoire de cette danseuse toujours accompagnée de son python. En attendant de voir les images, on pourra les fantasmer à l’écoute d’une BOF qui ne manque pas de charme. Si l’on veut se replonger dans la musique des années 50 de l’Afrique de l’Ouest, alors on se procurera la compilation Marvellous Boy. Calypso from West Africa (Honest Jons/La Baleine). Du Ghana au Nigeria, en passant par la Sierra Leone, les archivistes du label de Damon Albarn retracent les premières heures du calypso et du highlife et donnent à entendre les premiers enregistrements des gloires locales que furent ET Mensah, Victor Olaiya, Roy Chicago ou Bobby Benson. Exotique et savoureux. Pour ce qui est de l’Afrique contemporaine, on saluera le retour en grâce du sénégalais Baaba Maal qui proposera à p8 concerts Television Baaba Maal.jpgcompter de Juin son nouvel album Television (Palm Pictures/Because Music). Fort d’une carrière mondiale et de récentes rencontres artistiques, ce performer à la voix d’ange combine tradition et modernité avec une aisance déroutante. Ce n’est plus vraiment de la musique africaine, ce n’est pas totalement pop et pourtant, dans cet interstice scabreux, Baaba Maal réussit à insuffler une originalité et une singularité sincères. Accessible sans forcément être facile, cet album ne devrait avoir aucun mal à trouver son public. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Publié le 09/06/2009 Auteur : Thomas Ceugnart

 


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