Combas et Kijno

Ils ne se ressemblent pas, n’appartiennent pas à la même génération et c’est pourtant ensemble qu’ils ont travaillé à ces 14 toiles grands formats (162 X130), qui composent un étonnant chemin de croix qui a trouvé dans la chapelle de l’Hospice d’Havré un lieu à sa mesure. A tout juste la cinquantaine, Robert Combas, grand prêtre de la figuration libre  - terme trouvé par Ben - s’inspire avec humour de l’univers de la BD et du graff, tout comme son compère Hervé di Rosa. Amateur de rock et de culture populaire, la peinture de cet enfant terrible des années 70 est plutôt ludique et ne se prend pas au sérieux. C’est peut-être ça qui a séduit Ladislas Kijno qui suit avec attention le travail de Combas depuis ses débuts. Quant à l’associer à un projet de peinture religieuse, il fallait y penser ! C’est ce qu’a fait Kijno qui à 84 ans ressent le besoin de peindre un chemin de croix, et demande en 2003 à Combas une co-réalisation où l’identité de chacun resterait intacte.

Kijno, le roi de la technique du papier froissé compose tout d’abord 14 œuvres en noir et blanc qu’il envoie à Combas qui intervient tel un iconoclaste avec ses couleurs vives, son style « graffiti » et ses larges traits noirs presque violents sur les papiers froissés de Kijno qui fournissent à Combas l’insolent, une matière irisée de taches qui illuminent un fond souvent noir. Le Christ de Combas/Kijno est un écorché vif qui exprime dans un langage contemporain – le 1er chemin de croix du XXI ème siècle ou chant du cygne de la peinture du XX ème siècle ? – toute la crainte, la douleur et la violence d’un monde où règne le mal absolu. La rage anguleuse de Combas s’associe aux rondeurs de Kijno pour nous rappeler que l’histoire n’en a pas fini avec les crucifixions.