La grande salle Labrouste à la bibliothèque nationale de France qui a vu défiler des générations d’étudiants et de chercheurs est aujourd’hui plongée dans une pénombre propice au mystère et au recueillement. Il règne dans cette salle de lecture une ambiance de scriptorium monacal dans lequel murmurent des voix de lecteurs filmés par Alain Fleischer. Voilà un bel exercice de style pour faire fonctionner la machine à rêves et se couler dans le rythme d’une phrase incarnée par des lecteurs dans toutes les situations possibles, des plus classiques aux plus inattendues tel ce Québécois qui lit en conduisant.
De la lecture à l’écriture…
Entre Choses lues, choses vues, une exposition sur la lecture à la bibliothèque nationale, son dernier roman, Courts-circuits et la direction du Fresnoy, Alain Fleischer cultive et entretient son don d’ubiquité maximum.
Hommage aux mots, à l’imagination, variation sur l’intériorité de la lecture qui se télescope avec l’extériorité du monde, cette exposition originale produite par Le Fresnoy, met en scène avec une intelligence sensible ce qui fonde notre culture. Tous les papivores du monde se régaleront et les cinéphiles aussi puisque régulièrement la salle Labrouste se transforme en salle de cinéma le temps de projeter des extraits de films sur la lecture, l’art, l’opéra, la poésie sonore… En sortant de la bibliothèque nationale, vous n’aurez qu’une envie lire, et pourquoi pas d’ailleurs Courts-circuits, dernier ouvrage d’Alain Fleischer qui propose une vision cyclique du temps alliée à une variation polyphonique du « je » de la narration et de la réminiscence. Pourquoi écrire un seul roman alors qu’on pourrait en écrire mille ?
Publié le 23/12/2009