Des pirouettes humoristiques

Nouvel artiste associé du Théâtre de Nîmes, Alain Buffard prolonge avec sa dernière création une recherche, entamée en 2001 avec Dispositifs 3.1 et poursuivie avec S.E.S.A en 2009, autour de l’asservissement. Après s’être demandé ce qui nous mettait aujourd'hui en colère, Tout va bien s’intéresse, face aux mécanismes d’un système dominant et répressif, aux stratégies de diversion, d’émancipation. Il y a du Kubrick dans cette danse transformée en une incroyable machine de guerre, inspirée de Full Metal Jacket, n’hésitant pas à montrer comme une ritournelle les marches des GI, cadencées par de viles chansons. Chorégraphiant des batailles d’insultes, maniant et manipulant les jeux d’illusion et les dispositifs scéniques, des pieds de micro deviennent des fusils, des voilettes évoquent un casque militaire…

Tout va bien réunit des interprètes aux parcours divers, mêlant les langues et les nationalités. L’Anglais, le Français, l’Italien, l’Allemand ou l’Hébreu reprennent ainsi en canon, mais pas à l’unisson, la chanson de L’Opéra de Quat’sous de Kurt Weil. Cette pièce appartient à un art pour qui l’engagement politique passe par un rire critique, des pirouettes humoristiques sur fond d’accordéon. Les corps, oppressés et oppresseurs, glorieux et avilis, font de cette création audacieuse une performance animée d’un regard intuitif et alerte sur le monde. Au final, une chorégraphie jubilatoire, qui méritera le déplacement au théâtre de Nîmes. Une fois de plus...