Désamour sans paroles

Deuxième étape de la « trilogie dérisoire » initiée par les compères Christophe Jean et Philippe Potier, Sputnik Love continue d'explorer la thématique de l'absence. Après le deuil dans Almost cut my hair, c'est ici une couple en pleine désagrégation que met en scène Christophe Jean. Sur scène, Sophie Bourdon et Christophe Potier s'éloignent donc l'un de l'autre... sans paroles. Car c'est là la marque du travail de la compagnie, complètement absent de la mise en scène,  le langage verbal laisse place à celui des corps dans un décor minimaliste. Avec pour intention l'illustration d'un éloignement progressif et de la juxtaposition de deux solitudes, Christophe Jean donne la primeur aux corps. « Il est parfois difficile de mettre des mots justes sur des sentiments ou des impressions. En les enlevant complètement, on recentre le travail sur ce qui est essentiel : le langage des corps et  leurs expressions nettement plus évocatrices que de longs discours » d'expliquer Christophe Jean.

Construit autour de flashes-back présentés dans le désordre, Sputnik love invite donc à un théâtre du ressenti, libéré des carcans d'une parole qui enferme parfois plus qu'elle ne libère. Pour autant, loin du mime ou d'une démarche quelque peu simpliste, Christophe Jean et ses complices revendiquent leur approche forte d'une démarche qui décortique le couple sans rien oublier des travers de la vie à deux. « Le spectacle transpire d'une violence latente qui fait grandir un sentiment de malaise, je l'assume parfaitement (...) Pour moi, à la sortie d'un spectacle, il faut être chamboulé, sans cela, le théâtre n'a que peu d'intérêt. Le spectacle ne peut pas plaire à tout le monde, mais tant qu'il provoque une réaction, c'est l'essentiel » détaille le metteur en scène. Reste que monter un spectacle demeure un parcours du combattant, et trouver des lieux pour le présenter, une gageure. Sautez donc sur cette occasion d'aller à la rencontre d'une compagnie audacieuse.