travail eu féminin.jpegJusqu'en 2011, l'association Travail et Culture va sillonner le Béthunois pour un projet culturel autour de la place du travail dans la vie des femmes. Une sociologue recueille des témoignages, des artistes, photographe, graphiste, comédien(ne)s s'en emparent pour les restituer au public. Première étape mardi au théâtre Le Poche, avec une lecture de Sophie Descamps, autour des paroles de 6 femmes et 1 homme, travaillant dans le social, auxiliaires de vie, techniciennes de l'intervention sociale et familiale : « j'ai fait un montage de toutes ces histoires dingues qu'elles ont à raconter, en étant le plus juste possible par rapport à leurs mots à elles. Elles sont en première ligne de la souffrance psychique, physique, financière d'une partie de la population. On croit savoir, mais quand on écoute ce qu'elles nous racontent, on a l'impression d'être dans un film policier. 99% de femmes dans le secteur de l'aide aux personnes. Elles sont face à toutes sortes de déviances, détresses, violences, elles ne doivent pas avoir peur de la déchéance humaine. Elles-mêmes sont dans une certaine précarité, les conditions de travail, le salaire, la reconnaissance, ne suivent pas, elles encaissent, endurent, c'est presque la mine ! Elles ont les horaires, les responsabilités de cadres sup', mais pas la rémunération. Les qualités sont là pourtant : contact facile, polyvalence, force physique... J'ai été surprise, ça m'a mise en colère. » Pendant 45 mn, avec une autre comédienne, mise travail2.jpegen voix, en lumière, scénographie travaillée, Sophie va alterner jeu et lecture brute, sans non plus jouer sur le misérabilisme, ou abattre les spectateurs, « on parle aussi de tout ce que ça a d'enrichissant, aucune ne regrette d'être passé par là, sans édulcorer la réalité. C'est une école de la vie ! Elles sont un peu la chair à canon d'une société qui s'accélère, du social qui se délite, mais en même temps, je ne les vois pas comme des victimes, elles sont lucides, aiment leur travail, Rosaline.jpgs'organisent collectivement, communiquent, non pas pour leur bien-être, mais pour les gens à qui elles apportent du bien-être. » Et d'ajouter : « J'espère que cette lecture leur fera aussi du bien, elles qui font toujours du bien aux autres ! Et que les gens sortiront avec l'envie de faire bouger les choses. » Notre comédienne, par exemple, ne mettra plus les pieds dans un formule 1, où les femmes de chambre sont exploitées, pendant ses tournées, « je préfère encore dormir dans ma voiture ! ». Le secteur d'aide à la personne, « on dit que c'est un secteur d'avenir, puisque de plus en plus de gens sont en difficulté, et elles sont soumises à une intensification du travail, passant de 4 toilettes à 8, en une matinée, en changeant de lieu à chaque fois, on leur parle d'objectifs, d'interventions flash, on tire de plus en plus sur la corde » : et l'humain dans tout ça ? Venez en discuter lors de cette soirée, un court-métrage et un débat suivront, ainsi qu'un buffet organisé par la Confédération Paysanne pour clore cette soirée riche en émotions et en réflexions de façon très conviviale.