Enfermés par les mots

C'est Thomas Baelde qui parle le premier : « Après, notre premier spectacle, il nous fallait un texte fort pour rependre le chemin de la scène ». Ce sera Haute surveillance de Genet, première pièce, peu montée en France, écrite par l'auteur et sans cesse retravaillée tout au long de sa vie. « Nous ne cherchions pas à monter absolument une pièce récente, à la mode et peu vue » renchérit le jeune acteur. La nouveauté, c'est qu'il n'est plus seul en scène mais doit, cette fois, partager sa cellule avec Eric Durand et Christophe Carassou. Des complicités se sont vite nouées entre les acteurs et pour cause, ils se sont déjà tous frottés à la pièce. Pas de quoi pour autant vivre sur ses acquis pour le metteur en scène-surveillant Frank Andrieux : « Plus que l'énergie, ce qui est important dans le théâtre de Genet, ce sont les mots et leur rythme, il était donc essentiel pour nous d'y prêter une grande attention ».

Sur le plateau, une scène ronde, inclinée, blanche et ceinte de 'barreaux' de tailles différentes. « Une façon de représenter le jeu des influences qui se noue dans la pièce autant que de rendre visible l'impression de tourner en rond ». Trois prisonniers dans une cellule, un assassin confirmé, presque une star, et deux autres qui se disputent ses faveurs, tour à tour manipulé et manipulant. Guère d'autres accessoires que des costumes blancs (« je me suis aperçu que dans Hyènes, même si j'étais seul, les accessoires m'aidaient beaucoup. Pour Haute surveillance, étant plus démuni, il m'a fallu beaucoup travailler » précise Thomas Baelde). Un théâtre exigeant qui ne s'embarrasse pas de mode pour préférérer s'attacher aux mots. La création du spectacle donnera lieu à des ateliers avec les comédiens de l'Oiseau-Mouche avant un prochain travail de la compagnie. « On ne sait pas encore qui mettra en scène » ajoute le duo...