Sortir : Comment s'est passée la rencontre avec ce texte ?

Dominique Surmais : Je cherchais quelque chose pour un prochain spectacle et une amie m'a conseillée de jeter un œil sur ce Journal. J'en ai lu les extraits qui étaient disponibles et puis je l'ai fait traduire entièrement (ce qui n'avait jamais été fait) et j'y ai tout de suite trouvé une matière fascinante pour un spectacle. Entre 1908 et 1943, Käthe Kollwitz, une artiste allemande, sculptrice et dessinatrice, y évoque sa vie personnelle et celle de son pays. C'est un texte qui parle des femmes, mais aussi du deuil (un de ses fils meurt tragiquement au cours de la première Guerre Mondiale) et de l'histoire allemande du début du siècle. L'auteure s'y montre tiraillée entre ses volontés pacifistes, la nécessité de s'engager et la peur de ce qui se dessine. C'est un texte très connu en Allemagne qui curieusement n'a pas traversé la frontière.

Sortir : Le choix des textes s'est-il fait rapidement ? Avec un tel volume, la sélection a du être ardue...

D. Surmais : Pas vraiment. A la lecture, plusieurs passages ressortaient mais les textes retenus, plutôt que de s'intéresser à un seul volet de la vie de Käthe Kollwitz brossent un portrait plus complet. Le récit, très cru, écrit à la première personne, passe très bien sur scène. D'abord je voulais en faire une lecture puis le projet a intéressé du monde et c'est devenu un spectacle. J'en suis heureuse, ça participera je l'espère à faire connaître le texte et la personne de Käthe.


Sortir : Le spectacle a la particularité de tourner dans les salles de spectacle mais aussi dans les musées...

D. Surmais : Oui, le tout parle de la guerre, de la façon dont cette femme traverse une période très troublée et comment l'Allemagne change au fil de cette période. À ce titre, c'est aussi un document très intéressant du point de vue historique. Pour cela nous avons travaillé une scénographie légère et autonome. Nous pouvons ainsi jouer dans la plupart des lieux, même ceux qui ne sont pas équipés.