Free your mind

En dehors de l'évidente difficulté que recouvre la représentation d'une action aussi intangible que celle de penser, l'exposition des commissaires Alain Tapié et Régis Cotentin tenait à éviter de déborder vers une approche et des propositions trop conceptuelles pour rester sur une démarche cherchant à illustrer la pensée, ce qu'elle implique, ce qui la font et la façon dont on imaginait et représentait à l'époque les grands penseurs classiques. Alignés dans l'espace des expositions temporaires, les portraits sont regroupés par origine géographique (donnant une impression de vaste galerie que seule interrompt le cube accueillant l'installation de Bill Viola Room for St John of the Cross, version moderne et vidéo de l'exercice accompli des siècles plus tôt par les peintres). De cette enfilade de portraits, chargée de symboles et de signes ressort une étrange impression de familiarité mêlée de mystère, et le visiteur se prend autant à revisiter sa mémoire pour y retrouver les vies de ces présocratiques si souvent représentés qu'à découvrir les qualités plus proprement artistiques de la peinture d'un Lucas Giordano ou d'un Diego Velasquez.

Subtilement, ce que réussit de plus beau cette exposition, c'est de susciter à son tour la pensée et la réflexion. Devant les tableaux, ce ne sont plus que les yeux qui cherchent à décrypter les manières ou les techniques d'un artiste, mais tout un esprit qui se met en branle, pensant à son tour penseurs et peintures, rebondissant sur les citations mises en exergue par la muséographie. Nouveauté pour le Palais des Beaux-Arts une application pour smartphones (iPhone et Android) permet au visiteur permet de bénéficier d'informations approfondies, de vidéos et de quoi concoter une visite personnalisée, des appareils sont même en location le temps d'une visite. Un prélude à une accessibilité prochaine de l'entièreté du musée sous ce format, et une nouveauté bienvenue.