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« Je suis un créateur de mondes »

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Ecrivain, Cinéaste, touche à tout. Le très prolifique Bernard Werber se définit avant tout comme un faiseur de mondes. Une thématique omniprésente dans l'ensemble de son oeuvre. Son dernier roman, Le Mystère des Dieux n'y fait pas exception. L'auteur, qui sera présent ce  28 novembre au Furet du Nord, revient pour nous sur ses expériences et l'avenir de son univers.

 

Sortir : Le mystère des Dieux marque la fin du cycle des Anges et du cycle des Dieux commencé en 1994 avec Les Thanatonautes. Aviez vous ce cheminement en tête dès le départ ?


Bernard Werber : Après la sortie des Fourmis et du Jour des Fourmis, je voulais passer à complètement autre chose. Et pour moi, le thème le plus fédérateur était l'Au-delà, la mort. Après la science des fourmis, je souhaitais me pencher sur cette spiritualité. Mais les Thanatonautes a été un terrible échec commercial, qui m'a même poussé à arrêter l'écriture. Je me suis résigné et j'ai continué avec La Révolution des Fourmis puisque le public suivait. Puis Le Père de Nos Pères a bien marché. Ce regain d'intérêt pour un tout autre sujet m'a permis d'écrire l'Empire des Anges. Persuadé d'avoir été trop loin avec les Thanatonautes, j'ai fais une version moins ambitieuse. La suite d'un échec a été un succès. A terme, Nous les Dieux m'a pris neuf ans : réinventer l'histoire de l'humanité a été un vrai plaisir !

Sortir : Dans votre roman, son héros dit « écrire pour rassurer les gens ». C'est un sentiment que vous partagez ?

B. Werber : J'écris pour me rassurer moi-même et rassurer les autres. Ce qui rassure les gens, ce sont les portes de sortie. En écoutant l'actualité, on s'aperçoit que l'homme  se heurte sans cesse à des impasses : le terrorisme, la guerre, la pollution... J'écris pour donner une perspective et je pense que c'est parce qu'on est dans le système qu'on n'en voit pas bien les coulisses. Je voulais donner la possibilité de « voir des mondes au delà des mondes » avec le cycle des dieux.

Sortir : On a le sentiment, au terme de votre livre que que la boucle est bouclée : qu'une réflexion qui englobe toute votre oeuvre est menée à terme. Une page se tourne ?
B. Werber : Je suis effectivement dans une phase d'interrogation. J'ai écris le prochain roman, qui sera cette fois sans magie et sans science. J'ai plusieurs projets en tête, un roman bien sûr, mais aussi des nouvelles et des pièces de théâtre. Je veux surprendre le lecteur, et le prochain roman sera, lui, plus psychologique.

Sortir : Vous avez réalisé Nos Amis les Terriens  qui a recueilli peu de suffrages en salles. Quel regard portez vous sur cette expérience ?


B.Werber : J'ai voulu un film où il n'y avait pas d'acteurs connus, mais on m'a fait comprendre que ce n'était pas possible. Aujourd'hui, l'industrie cinématographique est régie par le star system. Le film a très peu été distribué, malgré l'appui de Claude Lelouch en production. Contrairement aux Etats-Unis, le réalisateur et le producteur n'ont pas le dernier mot. En France, seuls les acteurs comptent. Je continue d'écrire des scénarios, mais ce qui passe facilement dans un roman a du mal à être perçu au cinéma.



Sortir : Et concernant une adaptation des Fourmis ou des Thanatonautes pour le grand écran ?

B. Werber : C'est un cheminement que j'ai voulu dès le départ. Je suis avant tout un conteur, un créateur de monde. Et mes livres sont conçus comme des livre-univers déclinables en films, en jeux vidéos (Une adaptation de Nous les Dieux est prévue, NDLR), comme le Seigneur des Anneaux, Harry Potter ou Dune. Mais là encore, je n'ai pas l'appui nécessaire : les distributeurs me disent « Mon fils a lu vos livres » mais eux même sont dépassés ! J'ai voulu faire passer ce message dans Le Mystère des Dieux . Si je bénéficie du soutien adéquat, alors tout est possible.

Publié le 21/11/2007 Auteur : ropos recueillis par Jonathan Blanchet.

« Le Mystère des Dieux » de Bernard Werber. 21,76 euros / Albin Michel. L'auteur sera présent au Furet du Nord de Lille ce mercredi 28 novembre à partir de 15h.

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