NOUSANASTASIA.jpgLa biographie imaginée d'Anastasia, la benjamine des quatre filles du Tsar, assignée à résidence à Ekaterinburg, avec sa famille en 1918 dans Nous, Anastasia R (Grand Angle, 24,95 €). Patrice Ordas, avec son compère Patrick Cothias, s'est glissé dans la peau des différents protagonistes, vues intérieures, pour imaginer « le récit historiquement fondé, d'une manipulation destinée à fabriquer une fausse prétendante, connue sous le nom d'Anna Anderson, afin de protéger l'authentique survivante du massacre d'Ekaterinburg », avec pour instigateur Félix Volodine, officier du tsar épris de la jeune fille. Les test ADN permirent de démonter l'hypothèse Anderson, finalement fausse, « la science nous avait volé un rêve, la littérature devait nous le restituer. Nous nous sommes donc employés à imaginer comment Anastasia aurait pu survivre à un tel massacre et ce qu'aurait été son comportement après la tragédie. C'est le pouvoir fabuleux des écrivains  que de ressusciter les disparus et de leur offrir un avenir ». Sans oublier pas le contexte international de l'Histoire, qui trouve résonance : « Louis XVI et Nicolas II n'ont pas compris la violence de la rébellion contre le trône. Le second n'a tiré aucune leçon des malheurs du premier. 125 ans sépp11 haut lire tsar.jpgaraient les deux souverains, moins de 100 ans nous éloignent des Romanov, une tragédie comparable est-elle encore possible ? Oui, bien sûr. Les dirigeants politiques sont toujours aussi inconscients des réalités quotidienne et l'écart entre riches et pauvres est de plus en plus important. »


Un thriller avec L'oeil du tsar rouge (Anne Carrière, 21€). 1929, au fin fond de la Sibérie, Kirov, commissaire inexpérimenté, sort l'énigmatique Pekkala du Goulag. L'ancien inspecteur proche du Tsar Nicolas II doit retrouver les dépouilles (et l'or ?) de la famille impériale, retracer ses derniers instants, sur ordre de Staline. Pekkala met du temps à découvrir le nom du meurtrier et le subterfuge visant à révéler le secret le mieux gardé du tsar, que le lecteur aguerri aura deviné quelques chapitres auparavant. Si c'est votre cas, ce n'est pas si gênant : le récit reste prenant, et l'attente... stressante. Et puis la fin réserve tout de même une surprise de taille ! Et pour en savoir plus (et dénouer la fiction de la réalité) les quelques repères historiques en fin d'ouvrage, la vraie Histoire, sont bienvenus.

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Document autobiographique pour découvrir la suite de l'Histoire : Les enfants de Staline (10/18, 8,60€). Owen Mattews grand reporter part pour un voyage vers ses origines à Moscou : en 1995, il retrouve le dossier de son grand-père, Boris Bibikov, dans les archives du KGB ; pourtant communiste convaincu et parti prenante, Boris sera accusé et exécuté en 1937. Sa famille en subira l'opprobre, dont la mère de l'auteur, Ludmila, qui deviendra malgré tout une femme brillante et indépendante. Quant à son père, Mervyn, c'est un universitaire anglais amoureux de la Russie... et de Ludmila. Son refus de collaborer avec le KGB les séparera 6 années durant, 6 ans de correspondance enflammée. Mattews décrit la Russie d'hier et d'avant-hier, mais aussi celle d'aujourd'hui, toujours en proie aux désillusions. Saga familiale, enquête sociologique, roman d'espionnage et historique, mais aussi introspectif : retracer l'histoire de ses aïeux pousse l'auteur à se connaître lui-même...