Victime d'un terrible accident, Paul Sneijder sort diminué d'une longue convalescence. Cadre d'une grande entreprise, il n'est pas certain de vouloir reprendre sa vie d'avant. Indécis, il marche dans le silence glacé de l'hiver québécois, tandis que sa famille le presse d'intenter un procès lui permettant de récupérer des centaines de milliers de dollars en dommages et intérêts. Une démarche que Paul n'est pas certain de vouloir engager.

Intelligemment, Thomas Vincent place son spectateur dans le même état que son personnage. Sorti de l'hôpital, Paul doit reprendre contact avec sa vie et son retour au monde accompagne la plongée du spectateur dans le quotidien de l'homme et les enjeux qui l'accompagnent. En dévoilant ainsi progressivement les tenants et les aboutissants de cette nouvelle vie, Thomas Vincent construit lentement un portrait profond, servi par un Thierry Lhermitte étonnamment efficace en cadre en pleine remise en cause. Déjà présent chez Guillaume Nicloux (Une affaire privée), le talent dramatique de l'acteur s'y révèle avec force. Derrière son personnage, le cinéaste distille des questions pertinentes quant aux choix et aux priorités de vie, au fil d'un film qui, sans chercher le spectaculaire, prend son temps pour dessiner un portrait contrasté et pertinent. Cadres lents et plans fixes accompagnent et portent efficacement un retour à la vie maîtrisé et conçu comme un anti-thriller que Thomas Vincent conduit lentement. En étirant un peu trop le cheminement de son personnage le réalisateur dissipe un peu de la force que le comédien instillait à ce parcours. Reste un portrait cinématographique inégal mais pertinent défendu par un Thomas Vincent à l'unisson du rythme de son héros.