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Le phare ose

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Etre le premier n’est pas forcément la position la plus enviable. Les différentes équipes qui se sont succédées à la tête de l’Aéronef depuis 20 ans ne vous diront pas le contraire.

Ce qui est certain, c’est que nos histoires musicales se sont souvent écrites avec cette salle de concert. De l’ancien théâtre de la rue de Colson à l’annexe du centre commercial d’Euralille, l’Aéronef a vécu mille aventures, des plus festives à d’autres nettement moins enthousiasmantes. En 20 ans, l’Aéronef aura vu défiler une génération complète au point de devenir parfois une institution figée en panne d’inspiration. Ainsi, côté esthétique musicale, l’équipement a traversé avec plus ou moins d’acuité les grands courants, tantôt loin devant les autres mais parfois également à la traîne. Pas simple en effet de suivre plusieurs caps en même temps tout en restant le phare des musiques actuelles au sein d’une région désormais riche de nombreux lieux et alternatives culturelles. Reste que le navire est toujours là et qu’il a plutôt bien résisté aux quelques avaries qu’il a pu connaître. Avec Patrice Budzinski désormais à sa tête, l’Aéronef entend bien écrire une nouvelle page des musiques actuelles en région, en France et pourquoi pas au-delà des frontières hexagonales.

Humble mais déterminé

En prenant la direction de l’Aéronef en janvier dernier, Patrice Budzinski – dit Bud eu égard à son physique de bûcheron polonais – savait qu’il ne vivrait pas une sinécure. Un lieu emblématique chargé d’histoires, un coût de fonctionnement important et des attentes des financeurs et surtout des publics conséquentes sont autant de contraintes qui s’imposent à celui qui se définit sans fausse modestie comme un « enfant de l’Aéronef ». Alors, plutôt que de se complaire dans de grandes considérations sur la portée culturelle des musiques actuelles et autres pseudo analyses sur la complexité économique de ce secteur d’activité, le nouveau directeur défend avec détermination un projet qui désormais – mais aurait-il du en être autrement ? – s’appuiera sur des fondamentaux : « le retour à l’artistique et au participatif ». Pour bien saisir, il suffit de jeter un œil sur  le programme de cette nouvelle saison, la première estampillée Bud et Compagnie. D’un côté une place majoritaire faite à la découverte et aux nouveaux talents représentatifs d’une diversité qui du folk au hardcore ou de l’électro au rock indé couvre plutôt bien l’actualité musicale. De l’autre une multiplication des collaborations avec des acteurs locaux tels l’ARA, la Bic, la Maison Folie de Wazemmes et bien sûr le Grand Mix qui marquent le retour en force de l’activisme au sein de la scène de musiques actuelles de Lille et la fin officielle des querelles de clochers. Personne ne s’en plaindra, la coopération et l’échange étant, à coup sûr, les sources d’une meilleure satisfaction des publics des musiques amplifiées. Et justement, le nouveau projet de l’Aéronef entend bien faire une place conséquente aux publics car, comme l’indique Patrice Budzinski, « l’histoire de l’Aéronef ne s’écrira pas sans les usagers ». Si ces derniers peuvent déjà s’exprimer sur le site internet récemment relooké, d’autres initiatives devraient permettre une meilleure expression de celles et ceux qui arpentent régulièrement  la salle. Pour l’instant, l’heure est à la reconquête et à la fidélisation. La tâche s’annonce ardue car l’offre est conséquente, le public versatile tout autant qu’exigeant mais les budgets - des spectateurs comme de l’Aéronef - demeurent serrés.  Mais la volonté est au rendez-vous et déjà quelques beaux coups attestent de la direction engagée entre ambition et réalisme économique. Ce fut le cas par exemple pour Animal Collective ou Bat For Lashes, deux concerts initialement prévus au Club et qui ont finalement été donnés dans la grande salle.  Souhaitons que la suite soit du même allant.

Publié le 22/09/2009 Auteur : T. Ceugnart

L'Aéronef
Avenue Willy Brandt
Tél.03.20.13.50.00

Mots clés : concerts