Sortir : La légende du changeling n'est que le dernier avatar d'une production abondante. Pourquoi une bande dessinée et pourquoi avec Xavier Fourquemin ?

Pierre Dubois : Je connaissais Xavier Fourquemin de réputation et nous suivions régulièrement les travaux l'un de l'autre. Et puis il y a vait cette histoie qui me trottait dans la tête sans que je sache bien comment l'utiliser, sous la forme d'une nouvelle ou d'une bande dessinée et puis je me suis décidé à proposer à Xavier de travailler avec moi sur le sujet et nous nous sommes lancés.

Sortir : Pourquoi avoir choisi d'adapter cette légende plutôt qu'une autre ?

P. Dubois : Le thème de la perte du contact avc la nature et de l'industrialisation aveugle m'était cher et je trouve que ce récit se mariait parfaitement à ce que j'avais envie d'évoquer. En plus je souhaitais vraiment partir d'un territoire précis d'Angleterre (le Dartmoor) que Xavier Fourquemin reproduit avec brio dans ses dessins. C'est aussi une époque de profonds changements et je voulais l'aborder dans l'ouvrage. Il y a aussi un fort contraste entre le monde naturel et l'espace urbain, le tout sur fond d'époque troublée.

Xavier Fourquemin : Pierre écrit et décrit beaucoup, il me reste ensuite à élaguer en illustrant suffisamment la scène jusqu'à ce que l'écrit devienne parfois inutile, c'est pour moi une très bonne façon de travailler.

Sortir : Le récit n'est pas sans résonner d'un écho particulier à notre époque, c'était souhaité ?

Pierre Dubois : Oui et non, j'aime défendre à ma façon l'intérêt pour l'humanité de garder un lien avec la nature. Ensuite, il faut aussi noter que les époques troublées ont toujours été propices aux écrits fantastiques de toute nature. Les super-héros américains sont nés au moment de la gande Dépression des années 1930 et régulièrement, lorsque l'humanité doute et se cherche, elle aime puiser dans l'imaginaire, dans les mythes ou dans les anciennes légendes une source de réconfort. À nous de veiller à ce qu'elle ne se tarisse pas.