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Modernité de Goya

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A l’occasion du 180 ème anniversaire de sa mort, l’intégrale des Caprices de Goya est présentée pour la première fois à Lille. En contrepoint, des artistes contemporains revisitent les Caprices. Réjouissant !

On se souvient de cette très belle exposition « Goya, un regard libre» qui eut lieu au Palais des Beaux-Arts de Lille il y a 10 ans. Goya est à Lille chez lui d’autant plus que le Musée possède un rare exemplaire de la série complète des 80 Caprichos de Goya parue en 1799.
Insolent, impertinent, caustique, satirique, l’un des plus grands peintres d’Europe, à la toute fin du XVIII ème siècle - qui fut aussi un graveur hors pair - regarde son époque avec l’œil et l’esprit acérés du caricaturiste. Un peu plus de deux siècles après, l’homme a si peu changé que les artistes d’aujourd’hui s’emparent de ces Caprices des Lumières pour en donner une interprétation contemporaine dont la justesse trouve en nous des échos tout à fait modernes à la folie du monde. On n’a pas trouvé aujourd’hui encore de meilleur vecteur universel que l’image. A quand un film sur Les Caprices ?

 

Chapman, Morimura, Pondick et Schütte revisitent Les Caprices

C’est en sociologue et en humoriste que Goya épingle ses contemporains, dénonce leurs vices et nous donne à voir sans complaisance la société espagnole du XVIII ème siècle. Amour, vie sociale, prostitution, religion, sorcellerie et croyances sont au cœur des thématiques abordées par Goya mais aussi par le japonais Morimura ou les anglais Chapman, car "Le sommeil de la raison engendre (toujours) des monstres » ! et le combat initié au Siècle des Lumières pour faire triompher la raison est loin d’être fini.
Le photographe plasticien Yasumasa Morimura présente à Lille la série Los Nuevos Caprichos qui reprend directement les Caprices. Morimura joue avec l’œuvre, mais aussi avec l’identité, l’inconscient et le travestissement puisqu’il se met lui-même en scène dans tous les rôles. Goya, en précurseur, fait voler en éclats la notion de beau de même que Jake et Dinos Chapman dans Like a Dog Return to Its Vomit, montrent l’horreur de Goya décuplée grâce aux progrès de la science (hybridation, clonage …). Les hommes jouent aujourd’hui aux apprentis sorciers et les premiers outils étaient en germe dans les Caprices. United Enemies de Thomas Schütte, deux sculptures de Rona Pondick et deux autres de David Reekie complètent ce panorama de la folie des hommes sans cesse recommencée. Le monde marche sur la tête et ça ne date pas d’hier !

 

Publié le 29/04/2008 Auteur : F. Objois

Jusqu’au 28 juillet 2008. Palais des Beaux-Arts de Lille. Tél.03.20?06.78.17 - reservationpba@mairie-lille.fr - Catalogue, éd. Somogy

Mots clés : expos