théâtre

Pacte faustien

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Le Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde, est un classique parmi les classiques, l'un de ces romans qu'il faut avoir lu. Mais si la perspective de vous plonger dans ce pavé ne vous évoque rien de réjouissant, trichez donc : rendez-vous dans les confortables fauteuils rouges du centre culturel du Moulin à Roques pour une représentation brillante et fidèle à l'oeuvre, par la talentueuse compagnie du Grenier de Toulouse.

La plupart du temps, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. En voici pour preuve les aléas de l'existence d'une certaine troupe...
En 1945, Maurice Sarrazin crée une troupe de théâtre dans le grenier de ses parents. De Plaute en Shakespeare, de Ramuz en Beaumarchais, son succès devient colossal. Devant une telle ampleur, la ville de Toulouse aménage pour le Grenier l’auditorium du Muséum d’Histoire Naturelle, qui devient ainsi le théâtre Sorano. Mais le vent tourne... et la troupe se voit priée de quitter les lieux cinq ans après... À coeur vaillant, rien d'impossible : les comédiens construisent eux-même leur propre théâtre, la Digue. Le succès est constant pendant quinze ans, puis Maurice Sarrazin décide de « monter à la capitale » pour y créer une école d'art dramatique renommée. Mais en 2000, le mal du pays se fait sentir... Il revient à Toulouse pour y « réveiller » le Grenier. La municipalité, sur sa demande, lui cède à nouveau le Sorano, fermé depuis deux ans. L'équipe définitive se met alors en place. En 2003, coup de théâtre ! La ville de Toulouse nomme une nouvelle équipe à la tête du Sorano ! C'est l'exode à nouveau pour la troupe du Grenier, qui démarre une vie itinérante... Jusqu'en 2005, où la ville de Roques réclame à corps et à cris l'installation en résidence de la troupe dans son tout nouveau – tout beau centre culturel du Moulin.
La suite, vous vous en doutez, puisque c'est en ces lieux que vous irez les découvrir jusqu'au 13 février...

LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY

La troupe du Grenier ne craint pas de se frotter aux monuments du théâtre et de la littérature. Ainsi, ses membres donnent vie au roman fantastique d'Oscar Wilde.
L'histoire, en quelques mots : Dorian Gray est un jeune homme d'une extraordinaire beauté. Cet éclat inspire son ami Basil Hallward, peintre de son état, qui en crée sa plus belle oeuvre. Mais au cours d'une séance de pose, Dorian va faire la connaissance d'un autre ami de Basil, le mondain cynique et désabusé Lord Henry Wotton. Celui-ci fait prendre conscience au jeune homme que sa beauté n'est que passagère, qu'en vieillissant, elle se flétrira immanquablement. Fou de douleur face à cette réalité, Dorian conclut alors un pacte mystérieux avec le tableau : celui-ci subira les outrages du temps, tandis que Dorian restera éternellement jeune. Mais la vanité est un vilain défaut, qui conduit à bien des écarts, bien des déviances... C'est la terrible expérience que devra vivre Dorian Gray.
Pour ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre, il convient de s'abstenir d'en dévoiler la fin... La seule révélation que l'on puisse faire concerne le talent des acteurs : la noirceur de Dorian Gray, le désespoir de Basil, mais surtout, surtout, les délicieux aphorismes de Lord Henry... Une troupe réellement talentueuse, qui parvient à s'approprier totalement le texte sans avoir à recourir à des bizarreries scénographiques... Ça s'applaudit, et plutôt deux fois qu'une.

Certes, le thème du pacte quasi-faustien peut faire frissonner, mais comme le souligne Lord Henry, après tout, « on tombe toujours du côté où l'on penche »...

Publié le 29/01/2010 Auteur : A. Cassagnet

Le Portrait de Dorian Gray, jusqu'au 13 février, du mercredi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h30 au centre culturel du Moulin, 14 avenue de la Gare à Roques. Tarif : 8 à 17 euros. Tél 05.62.20.41.10.


Mots clés : théâtre