Partition théâtrale

Rock, théâtre et psychanalyse constituent un cocktail détonnant dont Gildas Milin, dont on vient de voir au Théâtre du Nord Clara 69 dans une belle mise en scène d’Anne Caillère,
use sans modération. Logique pour ce plasticien de formation, musicien aussi, qui appartient à cette nouvelle génération d’écrivains de plateau qui signent à la fois les textes et la mise en scène. Gildas Milin maîtrise toute la chaîne du spectacle en y ajoutant sa propre musique. L’homme de février raconte l’histoire d’une jeune fille qui est depuis toujours dans l’impossibilité de gérer ses émotions. Dommage car son rêve est de chanter … Mais comment avec une timidité inhibante et plus que maladive, monter sur une scène ou simplement parler aux autres quand guette l’évanouissement et que la voix s’étrangle ?

La solution n’est pas dans les antidépresseurs, les anxiolytiques ou les corticoïdes que Cristal avale à haute dose pendant un temps, mais plutôt dans le rapport à l’autre, l’amitié et peut-être même la fiction, comme le suggère le thérapeute américain Milton H. Erickson dont les théories inspirèrent Gildas Milin pour ce spectacle. Quand la fiction devient thérapeutique et que l’addiction se transforme en résilience, on peut se demander comment fonctionne notre cerveau, car ne nous leurrons pas nous dit Gildas Milin dans L’homme de février, « (…) site, blog, film personnel et télévision personnalisée cachent un stratagème du capitalisme qui consiste à faire croire que chacun est acteur alors qu’il n’est que l’acteur d’une consommation organisée. (…) et que se dessine un monde d’acteurs sans spectateurs ».