L'idée du commissaire Fabrice Bousteau se veut plutôt généreuse : reprenant le titre de Peter Sloterdijk et s'appuyant sur les conditions énoncées par l'historien René Rémond, l'exposition, en proposant plusieurs parcours et plusieurs approches, entend secouer le passant et susciter une envie de changement. Belle intention, s'il en est, l'exposition ne sait vite plus où donner de la tête. D'une salle à l'autre, les univers geeks croisent les propositions d'ateliers de respirations, une incitation au respect et à l'observation du vivant, à la curiosité scientifique ou à la poésie. Des œuvres de Grégoire Guillemin (des représentations décalées de personnages imaginaires) aux portraits de Super Flamands de Sacha Goldberger (Batman et Blanche-Neige montrés comme des Flamands de la Renaissance) jusqu'à la Capsula Mundi de Citelli et Bretzel (qui imaginent un cercueil naturel en forme d'oeuf qui servirait à faire pousser un arbre) en passant par L'Entomogrotte stellaire de Julien Salaud, Tu dois changer ta vie surfe ainsi sur les modes de l'époque en glissant timidement quelques incitations à la réflexion, que ce soit au travers de propositions presque scientifiques (Winshluss explique la métaphore de Schrödinger quand Charles et Ray Eames donne à voir la petitesse de l'espace humain) ou d'autres plus poétiques (Erosion de Cécile Beau ou La chasse de Julie C. Fortier). Certes, le panorama se révèle varié et distrayant mais loin d'ouvrir aux visiteurs des propositions de changement, il se contente de disperser son message au fil d'un parcours trop décousu pour s'avérer aussi percutant que son titre très volontaire le laisse entendre.