Secret de Polichinelle

D’où sort-il, ce Père Noël que l’on s’acharne à décrire à nos progénitures ? À la bibliothèque Tauzin, on a décidé de laisser parler les cartes (postales). Première révélation : le Père Noël s’inspire de Saint Nicolas de Myre, protecteur des opprimés. Flanqué du flippant Père Fouettard, Saint Nicolas est fêté le 6 décembre dans l’est de la France et certains pays voisins. Deuxième révélation : c’est aux Etats-Unis que Saint Nicolas troque ses habits de saint pour une robe rouge et des traits plus joviaux, exporté par les immigrés hollandais. Du poète Clement Clarks Moore, qui diffusa le poème « A visit from St. Nicholas » à la firme Coca Cola, qui fit du Père Noël son égérie pendant plus de trente ans, l’image du dodu jovial se façonne aux quatre coins du globe.

Pourtant, chaque région, chaque période de l’histoire a son Père Noël. Au fil des cartes (datant du début du siècle), le Père Noël défile, version « hotte couture » : vêtu de rouge, mais aussi de bleu, de noir ou de violet. En Bretagne, il est hirsute, mince, et porte le pantalon breton. Au détour d’une carte affichant « Ici, il n’y a plus de cheminée », on perçoit la misère du début du siècle. Il faut dire que la qualité des cartes apporte une authenticité poignante.
D’ailleurs, pour Francis Baudy, qui a monté l’expo,  « c’est impressionnant comme on peut faire du beau avec rien ! » Et comme le talent apparaît dès le plus jeune âge, Francis Baudy a également exposé les œuvres d’art des tout-petits : leur liste de Noël. Cette année, les stars : la « PSP », un « nordinateur éducatif », les jeux « Mario »… On est loin des poupées et tambours des cartes postales ! Un contraste révélateur de la tendance actuelle, « une surenchère de cadeaux »… À se demander si celui qui a inventé le Père Noël, « c’est pas plutôt un mec qui tient un magasin ». Mais chut ! Ceci est un autre secret.