Un chic type

Dure, dure la vie pour Ulrick. Après quelques années de placard, le voilà dehors. Mais à peine a-t-il pointé son nez à l'air libre que ses anciens comparses lui tombent dessus, le sommant de se venger du responsable de son emprisonnement et le laissant aux mains d'une logeuse qui le harcèle sexuellement... Pas de chance pour le brave Ulrick qui n'aspire qu'à une vie tranquille et paisible de mécanicien. Combien de temps sa résolution d'être un chic type tiendra-t-elle ?

L'une des très belles idées de ce film discret, outre son ravageur humour pince-sans-rire appuyé sur une réalisation d'une froideur décalée des plus efficaces, c'est sans conteste son acteur principal. Hiératique et bonhomme en ex-détenu désireux de se ranger des voitures, l'acteur suédois Stellan Skarsgard retrouve ici le cinéaste norvégien pour la troisième fois, et compose là une sorte d'antidote parfait à l'image de l'homme moderne version George Clooney. Exit la lisse perfection assurée d'un vieux beau amateur de machines à café branchouilles, bienvenue au mécano aux cheveux longs, dragueur maladroit, un peu lâche mais pétri de bonnes intentions. Tout le film est construit comme un portrait en creux de ce drôle de personnage presque à rebours d'un monde dans lequel il peine à se trouver une place. Qu'importe, semblent dire acteur et cinéaste, assumons ce que nous sommes et rions un peu. De ce point de vue, Un chic type constitue une comédie grinçante et très drôle, construite sans aucun des effets redondants de ces consoeurs plus calibrées, un film aussi rafraîchissant qu'original et décalé et finalement très universel dans les questionnements qu'il aborde (la paternité, l'amour, la solitude, la compromission).