Eva (Tilda Swinton) se réveille chancelante, dans son appartement. Des badauds ont aspergé les murs de sa maison de peinture rouge sang. Un lourd fardeau pèse sur ses épaules. Eva prend la route et se souvient. De sa famille. De son grand mal à élever Kevin, son aîné. L'enfant n'est pas plus expressif en grandissant, porte encore des couches à huit ans, et quand sa mère cherche à lui témoigner des preuves d'amour, il prend un malin plaisir à monter ses parents l'un contre l'autre. Eva s'interroge d'abord sur sa responsabilité, en tant que mère, mais finit par s'acquitter de l'éducation de son fils comme d'une besogne. Le conflit intérieur que vit Kevin s'intensifie et ne va pas s'améliorer en grandissant...

Ezra Miller incarne Kevin, l'anti-héros du titre qui vampirise son entourage en rivalisant chaque fois d'un peu plus de perversité... Jusqu'à l'irréparable. Troisième réalisation de la britannique Lynne Ramsay, c'est un film-puzzle où passé et présent se confondent. La photographie saturée accentue la descente aux enfers sous acides d'une mère qui a perdu le contrôle sur un enfant qu'elle n'a jamais connu et jamais compris, un véritable monstre en puissance. Un calvaire viscéral, entre Requiem for a dream et Donnie Darko traversé par une Tilda Swinton à fleur de peau.