Trois films pour (re)découvrir et comprendre Roman Polanski. Ses trois premiers longs métrages avant la consécration apportée par Le Bal des Vampires en 1967, imprégnés d'une photographie noir et blanc qu'il abandonnera par la suite. Trois films déterminants dans la vie du cinéaste, chacun reflétant le sentiment d'un fragment de son existence. Tout commence avec Un couteau dans l'eau (1962), où Polanski déroule brièvement le paysage de sa Pologne natale. Un couple en vacances parcourt ses routes pour rejoindre le port où y est amarré le voilier de monsieur. Un jeune gaillard rencontré sur la route va rapidement pénétrer leur union déjà précaire. Séduisant et frondeur, il n'en laissera aucun indifférent. Le film s'avère marqué par des longueurs, et ce malgré la faible durée du film (1h28), la griffe Polanski se profile déjà. Répulsion (1965) met en scène une Catherine Deneuve dans la fleur de l'âge mais à fleur de peau. Effrayée par les hommes et la confusion qu'ils produisent dans son entourage, elle se recroqueville dans son appartement qui devient le théâtre de sa folie. Il y a quelque chose de Carrie, à mi-chemin entre le drame et l'horreur. Silences pesants, caméras qui vacillent... l'exercice  manque au genre aujourd'hui. Le dernier venu, Cul-de-Sac (1966) confronte deux gangsters en cavale à un couple extravagant.


Trois films très différents pour trois huis-clos, où le personnage féminin passe de second couteau à pièce maîtresse. Elle vit entourée de maris, prétendants et diseurs de bonne aventure, farauds ou geignards... Mais à qui la faute ? Ces personnages sont-ils vraiment ce qu'ils prétendent être ? Polanski brouille les pistes et laisse le spectateur toujours libre de multiples interprétations, jusque dans les documentaires qui accompagnent chaque disque, où le réalisateur refuse de s'exprimer sur le sujet. Le mystère mérite que l'on y jette un oeil attentif.